"Les lavandes et la liberté" et "Combat pour les lavandes"

 France 3 tourne à Puimoisson

un film de Jean Prat

 

où « la liberté » a remplacé « le réséda »

dans un parfum de lavande

 

Était-ce une coutume locale à Puimoisson ces derniers jours que de célébrer le 14 juillet au mois de septembre ? Étendards, cocardes tricolores et liesse populaire s’étaient en effet emparés de la petite place au rythme d’un orchestre d’un autre âge…

 

Il s’agissait en fait d’une fiction ; mais avec laquelle les habitants de Puimoisson sont déjà familiarisés, qui ne nous ramenait d’ailleurs pas si loin en arrière, puisqu’elle prend la suite du film de Jean Prat que FR3 nous a permis de voir récemment sur notre petit écran ; « Les lavandes et le réséda » aux couleurs de l’occupation, a cédé la place à la « liberté » dans le titre de cette superproduction de la télévision marseillaise, comme dans l’histoire qui débutait, dès les premiers tours de caméra 16mm, avec l’apparition des uniformes américains de 1944.

 

 

 

 

 

Les américains de 1944,

c’est le chewing-gum, les jeeps,

les filles étourdies. 

 

Rien ne manquait dès le 1er septembre sur la place de Puimoisson, pas même d’authentiques acteurs américains, parmi les quelques 110 figurants recrutés sur place par la production. Un petit bal sous le mât au-dessus duquel flotte un parachute servait de décor à la scène. L’orchestre –Melody jazz- animé par M Ollivier, Mme Angelvin et M Murat de Valensole semblait tout naturellement éclipser ces 32 ans qi nous séparent de la Libération. C’est un orchestre qui anime encore les bals de la région aux rythmes des foxtrots et des slows fox d’autrefois. Le fait d’être juché sur une voiture à gazogène confortait cet air d’époque.

 

 

Puis, sous la direction de Jean Prat réapparaissent les acteurs et actrices que nous avions appréciés : Georges Claisse dans le rôle de cet allemand qui va devenir Provençal à part entière, qui va épouser la jeune « Rose » incarnée par la toute jeune nouvelle et charmante actrice ainsi révélée par la télévision : Anne Lignais, Armand Meffre dans le rôle de Delmas, sympathique barbu et pétanqueur à l’occasion, Pierre Meyrand et William Sabatier dans les rôles de Rebuffel et Cabasson, habitants de Caussenargues-Puimoisson. L’affreux Caffarel, responsable d’un massacre, incarné par Albert Robin etc..

 

 

 

 

Jean Prat retrouve toute son équipe, mis à part le maire qu’il a fallu remplacer au pied levé, mais les maires ne sont-ils pas précisément sujets à ces aléas ?

 

 La suite du film. Nous ne la dirons pas tout entière pour ne pas défigurer le sujet que jean Part a voulu moins anecdotique, psychologiquement plus « poussée » que le premier volet. On y verra, en effet, posé le problème de cette région provençale face à de nouvelles invasions modernes telles que le tourisme et la spéculation immobilière. Deux films d’un heure quarante environ, dont le tournage se poursuivra jusque dans le courant du mois d’octobre.

 

                                                                                                     Article du Méridional 

                                                                                                      du 3 septembre 1976

                                                                                                        Par J A Borel

FR3 tourne à Puimoisson

« Les lavandes et la liberté » (suite et fin)

d’après et par Jean Prat

 

Manosque – Les flonflons résonnent de leurs accords titubants. Les jeunes filles en robes de coton léger réajustent leur chignon « précipices » ; sur les murs des sanitaires publics des affiches lacérées vantent les mérites du soldat allemand et appellent les populations à rejoindre ceux qui « partent travailler en Allemagne ».

Le café des Arts accueille les hommes accoudés sur le zinc. Soudain, un enfant crie « …Les américains, les américains »… Et la foule se précipite autour d’une jeep bondée de soldats hirsutes et las…

Il a fallu regarder de l’autre côté de la place là où commençait la réalité de 1976 pour ne pas se méprendre. Le spectacle auquel on venait d’assister, c’était bien du cinéma !

Et d’ailleurs, en examinant les choses de près, le factice apparaissait. Les soldats devenaient figurants, le zinc illusoire et les flonflons surannés !

 

Des techniciens besogneux apportant la preuve éclatante que Puimoisson était en train de revivre « sa » libération à travers le prisme romanesque des caméras de FR3.

A quelques semaines près, FR3 Marseille-Provence vient, en effet, de planter ses décors aux mêmes emplacements pour la même cause ou presque…

Reprenant l’idée originale d’Alexandre Rivemale, Jean Prat qui avait réalisé « Les lavandes et le réséda » tourne actuellement « Les lavandes et la liberté » et "Batailles pour les lavandes".

De Rivemale, on a gardé les personnages et la trame romanesque. On se souvient que deux soldats allemands détenteurs du pouvoir nazi à Caussenargues, un petit village de Provence, au moment de la grande retraite. Rapidement les soldats nouèrent des relations avec la population, notamment Klaus qui voulait troquer son treillis pour un vêtement plus local et … le cœur de Rose.

Las, la guerre, ravagea une dernière fois Caussenargues et tua le camarade de Klaus. Ce dernier pourtant s’établit à Caussenargues.

Que se passe-t-il entre la fin des hostilités et le moment où Klaus raconte à deux touristes germaniques cette aventure. C’est ce que Jean Prat et Armand Meffre (Delmas dans le film) ont voulu montrer dans ce « remake » des « lavandes et le réséda » baptisé « Les lavandes et la liberté » et "Batailles pour les lavandes"

Parce que l’on y parlera des problèmes de l’exode rural, de la spéculation immobilière, de l’invasion touristique, cette production se démarque quelque peu de son préambule par un aspect didactique sous-jacent.

C’est du moins ce que Jean Prat s’efforce de traduire au sein d’une équipe de 40 techniciens, d’une centaine de figurants et d’une quinzaine d’acteurs.

A Puimoisson, on a vu revenir avec une certaine satisfaction, les caméras de FR3. D’abord parce que c’est un peu leur histoire et puis (ce n’est pas négligeable) cela permet de faire une césure moins nette avec la triste saison d’hiver.

En transformant « Les lavandes » en feuilleton à succès (le premier long métrage avait établi des record d’écoute) Jean Prat sacrifie à un réflexe bien compréhensible.

A Puimoisson, on souhaite de nombreux épisodes encore… Il faudra pourtant attendre l’année prochaine pour connaitre le verdict des téléspectateurs.

 

D’ici là, les lavandes auront repoussé.

 

Les demoiselles d’antant

 

« Les américains sont arrivés par la route de Riez. Je me rappelle bien. Ils nous ont distribué du chewing-gum et du chocolat et le soir on a dansé… »

Une rosette à la boutonnière, les sexagénaires de Puimoisson racontent la libération du village… La vraie !

Des souvenirs qu’elles égrènent au hasard d’un clap qui les ramène souriantes et débonnaires sur le plateau… Car celles qui dansaient sous les lampions du mois d’août 44 se retrouvent dans la production télévisée, pour jouer « La galerie des anciennes ».

Détentrices de la vérité historique, elles participent non sans humour à cette fresque romanesque qui fut leur jeunesse.

 

 

Anne Lignais : comme une rose…

 

Le visage d’une tranquille beauté, une silhouette d’une élégance rare, Anne Lignais n'a pas fini (nous l’espérons pour les amateurs de salles obscures) de faire languir les cœurs des cinéphiles.

L’héroïne du film fait ici ses premiers pas (ses deuxièmes pourrait-on dire) devant la caméra puisque « Les lavandes et le réséda » constituaient sa première expérience cinématographique.

Elle semble très à l’aise dans la composition qui fait d’elle la femme de Klaus.

Notons qu’Anne Lignais a des attaches personnelles au pays de Valensole et que la population  de Puimoisson est entièrement conquise par son « charme ».

 

 

Gilles « régisseur » au pays des figurants !

 

Les postulants à la figuration furent nombreux. Beaucoup d’appelés mais peu d’élus…

Gilles lui, s’est rapidement acquis une réputation à la mesure de ces « grandes gesticulations » et de ses « coups de gueule » jetés sur la grande place… de la Libération !

 

Et il ne manque pas de faire respecter une certaine discipline au sein  des jeunes troupes de figurants !

                                                                                                      Article du Provençal 

                                                                                                      du 3 septembre 1976

                                                                                                        Par Bernard Pali